Login

Les services exploitation, exécution et commerce aux premières loges Etablir un plan moisson

Outre une capacité d'adaptation pendant la récolte, collecter implique de l'anticipation et une accélération de la coordination entre les équipes dès le mois de mars : déterminer les volumes prévisionnels, les répartir dans les cellules et recruter les saisonniers.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

A la collecte, il ne s'agit plus de benner les céréales dans un trou comme on on pouvait l'entendre dire par le passé. « Une très grande partie de l'exercice se joue à ce moment-là, appuie un DG de coop. C'est forcément très impliquant et structurant. » Chez Axéréal, pour mener à bien ce défi humain et logistique annuel, la coordination commence dix-huit mois en amont des moissons, et se traduit dans un plan de charge construit à partir du croisement de 15 000 données issues des assolements, des volumes et des allotements prévisionnels. « C'est la coordination tout au long de la chaîne et de l'année qui fait notre expertise, confie le directeur exploitation et logistique, Cyrille Gouache. C'est réellement de la conduite de projet. »

La première étape démarre donc dix-huit mois avant. Puis, pendant un an, les services ordonnancement et collecte, appuyés ponctuellement par les équipes semences, agronomie, filière et marketing, vont travailler sur les assolements, la répartition des surfaces par espèce et variété. « Toute la difficulté est de réussir à rencontrer les besoins des clients avec ceux des agriculteurs, poursuit Cyrille Gouache. Avoir des utilisateurs dans le groupe, c'est une source d'information très forte sur l'aval. » Et cela permet d'intervenir sur le plan de multiplication de semences et proposer des contrats filière dès cette étape-là. Six mois avant la moisson, l'heure des prévisions de collecte arrive.« Tous ne le font pas, mais quand les OS établissent leur prévisionnel, ils partent d'un historique, des ventes de semences et d'un potentiel moyen de rendement. L'idéal est de commencer fin février-début mars », préconise Kristell Rougé. Puis, il s'agira de savoir quelle part de cette collecte va rentrer à la moisson, grâce aux contrats fermes d'engagements, mais aussi aux habitudes. « 90 % des prévisions se font grâce à la connaissance terrain de l'ATC et 10 % par échanges avec les adhérents », confirme Denis Rodais, chez Axéréal.

Commerce et logistique main dans la main

« Il est important de travailler avec le service commercial pour avoir les prévisions de vente (par exemple du colza à destination du nord de la communauté... ) afin de tracer les grandes tendances, d'orienter les transferts sur les bons points d'expédition, dans un objectif d'optimiser le coût global, reprend Kristell Rougé. Ce qui peut commencer à donner une idée sur les prévisions de sorties par productions végétales et sur les modes et les rythmes. » Puis vient le tour de l'allotement prévisionnel. « En avril, poursuit Cyrille Gouache, on commence à positionner nos volumes par espèce et variété dans nos 4 000 cellules, pour avoir un plan de charge prévisionnel, en croisant surfaces, espèces, variétés, rendements, silos, cellules... Ce qui implique aussi de commencer à organiser les futures tournées d'échantillons, mettre dans la boucle les laboratoires d'analyse...»

« Une fois qu'on a déterminé des volumes, il faut les mettre en adéquation avec les cellules, confirme Kristell Rougé, ce qui peut impliquer des arbitrages. Doit-on prévoir des dégagements immédiats de marchandise ? Faire de la location à l'extérieur ? Casser les prix pour gagner des parts de marché ? (encore faut-il que la marchandise s'exécute). » Même si l'on travaille en général par habitudes, cela permet aussi de prévoir les moyens humains (amplitude d'ouverture du silo, nombre de saisonniers à recruter, organisation titulaires-saisonniers), l'idéal étant d'avoir sa liste de saisonniers prête pour avril (bouclée avec les étudiants, le bouche-à-oreille, les annonces d'emploi) afin de caler les dates de formation, de passage à la médecine du travail... Il s'agit aussi d'anticiper les moyens matériels, les véhicules pour la moisson et aussi la logistique à mettre en oeuvre pour les transferts et les expéditions. « On sent aujourd'hui un rééquilibrage en faveur de la logistique, constate d'ailleurs Kristell Rougé. Il y a quelques années, le commerce primait sur la logistique. Mais on s'est rendu compte qu'on pouvait gagner deux euros sur le commerce pour en perdre cinq sur la logistique. »

Penser à la prochaine moisson d'été

« Il faut que le plan soit prêt pour les réunions de préparation de moisson, environ quinze jours avant la moisson », préconise Kristell Rougé. A l'issue de ces travaux, chaque site a sa feuille de route et sait à peu près « ce qui va rentrer, d'où ça vient, ce qui va être gardé et ce qui va sortir, où ça va et par quel mode d'expédition ». Après, il ne restera plus qu'à gérer les écarts avec le prévisionnel, aléas météo, qualité, marchés... en attendant le ballet des remorques et des camions. Et commencer à s'atteler sérieusement à la collecte d'automne, et surtout à la prochaine moisson d'été !

Renaud Fourreaux

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement